Entretien du patrimoine

Entretien du patrimoine
Les travaux sur le lavoir vont prochainement débuter !

Projet :  Travaux de conservation, protection, et valorisation du LAVOIR

 

 

Introduction

 

Cet édifice fait indéniablement partie des éléments tout aussi identitaires que constitutifs de notre patrimoine local.

Illustration du passé et dernier vestige d’une activité désormais désuète, il garde néanmoins l’attrait d’un de ces lieux témoins et porteurs de souvenirs anciens dont l’originalité et la rareté concourent à en affirmer l’incontestable charme…

A l’origine, aux alentours de 1820, il ne s’agissait que d’une source qui jaillissait dans un bassin souterrain situé à environ 5 m de profondeur. Son eau, tant par sa qualité que par sa quantité, en était remarquable. A tel point qu’elle subvenait amplement aux besoins domestiques, abreuvait les animaux du bourg et des hameaux voisins, tout en permettant, concomitamment, de laver le linge des lessives.

Le 18 novembre 1853, le conseil municipal, réuni en séance extraordinaire, déclare ouverte « une souscription volontaire afin d’effectuer l’entretien et les améliorations nécessaires à assurer la conservation de ce précieux bien ». Le chiffre de cette souscription était réputé « devoir être illimité ». Cependant, après qu’en fut évalué le coût des travaux relatifs aux fouilles et déblais, il fut alors précisé « qu’il devait, pour le moins, atteindre la somme de 200 francs ». Les travaux engagés permirent le pavage des abords du puits et de ses alentours, contribuant ainsi à assurer une meilleure salubrité à son eau.

Mais voilà que la commune, afin de payer le paveur, « le sieur Labat, de Mont de Marsan », n’avait d’autres ressources que les fonds en caisse destinés aux chemins vicinaux. Le mode de paiement de « ce pauvre ouvrier qui a besoin au plus tôt de l’argent qui lui est dû», donna donc lieu à quelques échanges assez croustillants entre la Commune et le Préfet…Ce dernier finit par céder aux « supplications » (c’était le terme employé) de la Commune et l’autorisa à effectuer le paiement sur des fonds primitivement affectés ailleurs.

En juillet 1871, considérant que ce puits alimentait non seulement le bourg de Bascons mais également plusieurs de ses hameaux et que, d’autre part, diverses personnes s’étaient cotisées pour rendre possible les travaux effectués, il est décidé de construire, à coté de cette source, un lavoir communal public, à couverture d’ardoise.

Simultanément, fut mise en place une pompe destinée, non seulement à alimenter le lavoir, mais aussi à permettre un puisage de l’eau aussi bien pour les besoins domestiques que pour le bétail. Le changement était de taille puisque, de temps immémoriaux, l’eau était remontée d’un puits, à la main, au moyen d’un seau attaché par une chaîne à une longue perche. Cela posait aussi problèmes : soit que le seau touchait le fond et l’eau du puits se troublait, soit l’eau débordait du seau, se répandait sur les berges et s’infiltrait entre les fissures pour retrouver son point de départ entraînant toutes sortes de saletés rencontrées sur son parcours…

L’usage de la pompe remédiait à ces problèmes mais son état ne manquerait pas d’aller en s’altérant ce qui nécessiterait entretien et réparations. La commune ne se voyait pas être en mesure de faire face à de tels frais. Afin de mieux solutionner ce problème, il fut décidé que, désormais, lavoir et pompe seraient « propriétés communale ».

Ce fut donc, à compter de ce 9 juillet 1871, que l’usage et la consommation de l’eau devinrent, pour la première fois, payants…

Le conseil municipal avait donc décidé que, désormais, « les usagers seraient soumis au versement d’une légère mais suffisante participation ». Cette dernière serait perçue par un fermier nommé à cet effet et reversée dans la caisse municipale. Les tarifs en étaient fixés de la façon suivante :

-       puisage de l’eau pour lessives domestiques : 15 cts par mois

-       puisage pour remplissage d’une barrique d’eau : 25 cts

-       journée de lavage : 10 cts

-       lavage d’un paquet de linge : 5 cts

Il existait également la possibilité de souscrire un abonnement annuel pour toutes sortes d’usages. Il variait de 1 à 5 francs…

Le 12 novembre 1882, une modification importante s’appliqua aux conditions de fermage relatives à la pompe. L’accès à celle-ci devenait gratuit pour tous, mais uniquement pour le puisage de l’eau nécessaire aux usages du ménage et à celle destinée à abreuver le bétail.

Un gérant, chargé de recouvrir le produit des lessives (restées payantes), fut alors nommé. En complément de ce rôle, il devait assurer l’entretien des abords et du bassin. Détail amusant, l’article 8 stipulait que « les planches et détritus laissés par les lavandières, lui appartenaient ».

L’histoire ne dit pas si ce genre de « complément » était suffisamment significatif pour mériter de l’inclure dans « les avantages en nature » accordés au gérant du lieu…

Déjà, en 1880, des gelées fortes et persistantes avaient mis à la peine les bassins, « notamment celui d’éclaircissage dont les pierres duquel, sous leurs aussi perverses que fortes actions, se sont fendues, tombent en larges plaques et sont menacées de ruines entières ».

Toutefois - et fruit d’interventions ponctuelles d’entretien - le lavoir put néanmoins continuer d’assurer sa fonction initiale. L’ardoise de sa toiture à impluvium fut remplacée par des tuiles…

Au-delà de ces diverses péripéties, le lavoir demeurait toujours le rendez-vous des lavandières. Autrement dit, le cadre idéal propice à l’information permanente et à la communication orale sur tous les sujets d’actualité…. ou autres…

On peut alors aisément comprendre que l’endroit fut longtemps réputé comme étant un lieu particulièrement vivant et animé…

Bien que bercé par cette bruyante et joyeuse ambiance, le lavoir prenait néanmoins de l’âge… et tout ce qui va avec… Malgré l’installation d’un jet d’eau tendant à le rendre plus attrayant, l’outrage des ans devenait de plus en plus conséquent. Sa structure (pierre et bois) était non seulement devenue inesthétique mais faisait craindre pour la sécurité même des personnes qui la côtoyaient.

Il fallut pourtant attendre 1999 pour que fut entreprise sa complète restauration par la pose de 8 piliers en pierre dure surmontés d’autant de chapiteaux moulurés. La charpente, quant à elle, fut entièrement refaite à l’identique et en bois de chêne par un charpentier local (M Alain Clavé) et recouverte de tuiles « Picon ». L’ensemble déjà remarquable, fut judicieusement complété par un éclairage adapté à sa mise en valeur. Une terrasse fut construite à l’est et complétée, au nord et au sud, par 2 zones végétalisées. Cette association confère à cet endroit un attrait agréable au regard tant des autochtones que des visiteurs. Histoire de rendre le lieu plus vivant et plus animé (l’apparition des lave-linges ayant définitivement eu raison de l’existence des lavandières et de leur rendez-vous de prédilection) un système assurant une circulation de l’eau en circuit fermé fut mis en place. Il est constitué d’une pompe immergée chargée d’aspirer l’eau du bassin inférieur vers le bassin supérieur. La dénivellation entre les 2 bassins permet sa retombée en 2 cascades vers le bassin le plus bas et, et ce faisant, assure et pérennise la continuité du processus.

Ce lavoir remarquable constitue la pièce principale de notre place Jean Jaurès où, se fondant dans le chuchotement de l’eau tombant de ses petites cascades, on pourrait peut-être déceler un peu de cette voix nostalgique de Jacques Brel murmurant :

« Demandez-vous, belle jeunesse

Le temps de l’ombre d’un souvenir

Le temps du souffle d’un soupir

Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?... »

On ne sait …  car si les faits ont été clairement établis, les raisons  de ce meurtre sont toujours restées assez ténébreuses. Etait-ce seulement le fait d’un déséquilibré doublé d’un fanatique ? Serait -ce l’influence d’un de ces groupuscules nationalistes auquel appartenait le meurtrier qui aurait contribué à armer la main de Raoul VILLAIN, cet homme de 28 ans qui, le 31 juillet 1914, à la veille de la grande guerre, assassina de deux coups de revolver, ce grand homme politique et non moins grand militant pacifiste qu’était Jean JAURES ?

On ne sait…. Mais laissons l’histoire à ses mystères et à ses balbutiements….et, au lavoir de Bascons le soin  de procurer et de conserver à notre village la grande chance de …. l’avoir !

L’Objectif de l’opération :

Depuis 2014, le chuchotement de l’eau s’est tue par un problème de fuite d’eau successive au niveau du regard de la pompe de recirculation et l’ouvrage en pierre poreuse déstructurée par le temps.

Lors de la visite de l’architecte des bâtiments de France et du conservateur délégué des antiquités et des objets d’art sur la commune, il a été soulevé, qu’une remise en eau à proximité du lavoir serait un plus en vue du classement en monument historique. Les arènes Jean de Hourtique à proximité, la maison de M Claude Lespes typique aux charmes landaises et son lavoir à proximité caractérise particulièrement l’ensemble de la place Jean Jaures.

Plus récemment, lors de la visite du comité d’investigation en charge des villages fleurie dans le cadre du développement du tourisme des landes intérieure, en présence de Mme DEGOS, il a été aussi soulevé qu’une remise en eau du lavoir ajouterait une qualité supérieure à notre classement.

L’ensemble du conseil Municipal a donc décidé de mener les travaux de protection et valorisation du patrimoine historique et touristique de la commune dans le cadre du projet des landes terre des possibles.

Pour cela un ponçage puis une recharge des pierres poreuses, des arêtes vives sont nécessaires par un mortier imperméable. La mise en place d’une couche de fibre de verre et d’une résine de gel-coat permettra la remise en fonctionnement du bassin et de refaire vivre et chuchoter encore longtemps Jean-Jaurés.

Coût des travaux:

Estimés à 8241€, dont 35% seront subventionnés par le fond de concours de la Communauté des Communes du Pays Grenadois (suite à la délibération du conseil municipal du 17 juillet 2023)